En effet, le théâtre de l’opprimé est une méthode qui se veut faite « par le peuple et pour le peuple », le principe même de la démocratie donc, puisque selon son créateur Augusto Boal, c’est le peuple qui doit pouvoir produire lui-même le théâtre qu’il veut, celui qui lui correspond, et dont il peut se servir pour lutter contre les différentes formes d’oppressions et d’injustices dont il est victime.
Ce n’est donc pas un hasard si le théâtre forum est né dans les Favélas de São Paulo, dans un moment de lutte pour le rétablissement de la démocratie, puisqu’il s’agit d’une forme politisée du théâtre (Augusto Baul considère d’ailleurs que le théâtre est nécessairement politique), et que plus que cela, c’est une arme dont les classes dominées doivent se servir pour s’émanciper en faisant passer des messages forts.
L’intérêt est de ne plus faire un théâtre qui dit au peuple qui ils sont et ce qu’ils doivent faire, mais plutôt de permettre aux opprimés eux-même de faire le spectacle, leur permettre de raconter leur propre histoire. L’idée est claire pour Augusto Boal, « il faut briser le monopole de la scène, pour que d’autres monopoles puissent être brisés : ceux de l’argent, du savoir, du pouvoir politique etc ».
Un autre principe essentiel du théâtre de l’opprimé est de casser les codes du théâtre classique qui veulent qu’il y ait d’un côté les acteurs, à qui la scène appartient, et de l’autre les spectateurs qui doivent rester dans la salle. Pour Augusto Boal, cette règle induit que certains peuvent agir, tandis que d’autre n’ont qu’un seul droit : écouter dans l’obscurité, immobiles. Et ce qui est problématique pour lui, c’est que cette règle existe dans le théâtre, mais elle existe aussi dans la vie, et la plupart s’y résignent alors qu’ils ne devraient pas.
Pour Auguste Boal, l’expression des opprimés est d’autant plus importante que « les solutions aux oppressions ne viendront pas des experts, ne viendront pas des savants, ne viendront pas des techniciens; les solutions au problème de la pauvreté, elles viendront des pauvres eux-mêmes ». C’est pour cela qu’il est si important de les laisser s’exprimer, d’autant plus qu’il s’agit de leur propre condition.
Julian Boal, son fils, vous explique ci-dessous plus amplement l’oeuvre de son père dans une vidéo teintée d’humour :